Tamataroa

Le "Projet TAMATAROA" est une initiative de recherche et de conservation dédiée au grand requin marteau (Sphyrna mokarran) en Polynésie française, lancée en 2023 et prévue jusqu'en 2026.

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Porté conjointement par Andromède Océanologie, les Expéditions Gombessa et la Mokarran Protection Society, ce projet vise à combler le manque de connaissances scientifiques sur cette espèce en danger critique d'extinction, en utilisant des méthodes d'études innovantes et non invasives. Il s'appuie sur la collaboration scientifique, la participation citoyenne, et intègre des dimensions culturelles et de sensibilisation. Les zones d'étude principales sont les atolls de Rangiroa et Tikehau dans l'archipel des Tuamotu, où le requin marteau trouve refuge grâce aux mesures de protection établies en Polynésie française. Le projet vise à caractériser la population de requins marteaux, étudier leur écologie et comportement, et identifier les zones clés pour leur conservation.

  • Andromède Océanologie :
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  • Expéditions Gombessa :

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L’approche proposée dans le cadre du projet TAMATAROA est inédite pour le suivi des grands requins marteaux. Elle consiste non plus à attirer l’animal vers le scientifique, mais à aller à sa rencontre, in-situ, sans faire appel à une quelconque méthode d’attraction pour réaliser l’ensemble des protocoles de suivi scientifique de la manière la moins invasive possible, sans contraindre l’animal ni modifier son comportement. Relever ce défi sur l’une des espèces de requin les plus difficile à observer dans son milieu naturel ouvrira la voie vers une nouvelle approche plus éthique et plus respectueuse pour l’étude des grands prédateurs marins. Pour surmonter les contraintes liées à cette méthode d’approche et d’étude, des protocoles scientifiques expérimentaux seront mis en place en s’appuyant sur une grande connaissance du terrain, une expertise scientifique reconnue et sur le développement de méthodes et d’outils innovants. Ces protocoles ont été testés et validés lors de la mission préliminaire menée en 2023 par la même équipe que celle composée dans le cadre de ce projet. Pour optimiser les chances de réussite, cette méthode nécessite la réalisation de plongées quotidiennes pendant toute la période de regroupement des grands requins marteaux (de décembre à avril).

Chaque jour, des binômes de plongeurs scientifiques se relaieront pour couvrir les six heures pendant lesquelles le courant est propice aux observations et au déploiement des protocoles de suivi (courant rentrant).

Il s'agit aussi de déployer un réseau de balises acoustiques inédits dans le Pacifique central et spécialement adapté aux espèces qui ne remontent pas ou peu en surface . L'objectif est de pouvoir suivre sur 3 ans les déplacements d'une trentaine de grand requins marteaux à Rangiroa et dans les atolls voisins.

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1 - Des outils innovants spécialement développés pour surmonter les défis du projet

L’absence de méthode de captures et d’attraction rend les opportunités de rencontre avec l’animal plus rares et plus éphémères. Il faut alors optimiser les processus d’approche et de collecte des données. Deux nouveaux outils ont été spécialement développés pour répondre à ces contraintes tout en conservant une efficacité et une sécurité optimales pour les plongeurs comme pour les animaux :

- Un propulseur sous-marin silencieux développé avec le fabricant SUEX, qui permet de faciliter les déplacements du plongeur dans des conditions de fort courant, tout en limitant les nuisances sonores susceptibles de faire fuir les requins ;

- Un outil scientifique « tout-en-un » capable de servir in-situ pour la collecte d’un large éventail de données en un temps très court. Ce système, utilisé par un plongeur, est basé sur une arbalète sous-marine spécialement conçue pour un usage scientifique. Celle-ci est équipée d’un système de photogrammétrie laser pour l’identification et la mesure des individus et d’un système de flèche à double usage permettant en un seul tir de réaliser une biopsie et de fixer une balise pour suivre les déplacements.

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2 - Une collaboration scientifique pluridisciplinaire et internationale inédite.

Au regard de la complexité de la récolte des données, et de l'urgence de mieux comprendre le cycle de vie du grand requin marteau pour le protéger, c'est un véritable réseau de collaboration scientifique qui se mobilise pour mettre à disposition du projet ses spécialités :

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  • L’université de Polynésie française (UPF), basée à Tahiti, sera représentée par la doctorante Tatiana Boube. Elle mènera son projet de Thèse spécifiquement sur le programme TAMATAROA, sous la direction du Pr. Gaertner (Responsable de l'unité de recherche "Ecosystèmes insulaires océaniques" à l'UPF et responsable de recherche à l'IRD), co-encadrée par le Pr. Papastamatiou (Université Internationale de Floride, USA) et par le Pr. Huveneers (Université de Flinder, Australie). Membre de la Mokarran Protection Society, elle est également à l’initiative des premiers travaux scientifiques menés sur les grands requins marteaux en Polynésie française. Elle est l’autrice de la première publication scientifique parue sur l’étude du grand requin marteau en Polynésie. Ses travaux de thèse porteront sur le traitement et la publication d’une grande partie des données récoltées dans le cadre du projet TAMATAROA. Elle sera, avec ses co-encadrants, l’une des figures scientifiques clés de l'équipe TAMATAROA.
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  • L’Université Flinder, basée à Adélaïde en Australie, sera représentée par le Pr. Huveneers (Directeur du Consortium de Recherche Côtière et Marine, et responsable du Groupe de Recherche sur l’Ecologie Requins de l’hémisphère Sud SSEG). Son groupe de recherche s'intéresse à la biologie, à l'écologie et à l'état des populations de requins et de raies, ainsi qu'à l'évaluation de leur vulnérabilité à la pression de pêche, aux interactions avec l'homme et à la perception du public. Son équipe fournit également des conseils scientifiques aux gestionnaires et aux décideurs sur les questions liées aux requins, aux raies et aux chimères. Le professeur Huveneers a codirigé le réseau australien de suivi acoustique en charge de plus de 1 000 récepteurs. Il a dirigé ou contribué à des études sur les schémas de déplacement d'un large éventail d'espèces, dont les requins de récif, les requins-tigres, les requins-baleines et les requins blancs, et ce dans le monde entier. Il a publié plus de 150 articles et est l'un des auteurs les plus prolifiques de publications scientifiques sur les requins dans le monde. Dans le cadre de ce projet, le professeur Huveneers contribuera à l'étude de l'écologie des mouvements du grand requin-marteau et à l'identification des facteurs de résidence.

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L’Université Internationale de Floride, basée aux USA, est représentée par le Pr. Papastamatiou (Laboratoire d’Ecologie et de Conservation des Predateurs à l’institut pour l’Environnement du département des Sciences Biologiques) : Il étudie l'écologie physiologique et comportementale des requins et d'autres prédateurs, et utilise ces informations pour contribuer aux efforts de conservation. Il a publié plus de 100 articles scientifiques et ses recherches ont été menées dans le monde entier, notamment au Mexique, aux Bahamas, au Japon, dans le Pacifique central et sud, les Galápagos et l'Alaska. Il est rédacteur en chef pour deux revues scientifiques (Animal Biotelemetry, Oecologia) et reviewer pour de nombreuses revues scientifiques de premier plan. Son expérience dans le suivi des grands requins-marteaux aux Bahamas apportera des compétences indispensables au projet.

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  • L’Université de Montpellier est représentée par le Dr. Mourier (Ecologie Marine Comportementale, UMR MARBEC, Biodiversité marine, Exploitation & Conservation" (CNRS, IFREMER, IRD, UM). Il a longtemps travaillé au CRIOBE sur l’écologie comportementale des requins à pointes noires en utilisant différentes approches telles que la photo-identification, la télémétrie ou les analyses d’apparentement génétique pour mieux comprendre le fonctionnement d’une population à l’échelle d’une ile. Il s’est particulièrement intéressé aux relations sociales (réseaux sociaux), aux déplacements et à la philopatrie. Son domaine de recherche s’inscrit dans le domaine de l’écologie spatiale et comportementale à l’échelle des individus et populations. Dans le cadre de ce projet, le Dr. Mourier contribuera à l'étude comportementale des grands requins-marteaux.

3 - Un projet complètement intégré dans son territoire pour produire des effets concrets au plus vite

Le Projet TAMATAROA, parfaitement fidèle aux valeurs de la MPS s'intègre au territoire de Rangiroa en s'appuyant sur une collaboration étroite avec les communautés locales, les institutions, et les usagers du milieu marin. Cette intégration se manifeste à travers plusieurs aspects :

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  • Participation Citoyenne et Collaborative : Le projet engage activement les citoyens locaux, pêcheurs, plongeurs, et autres usagers marins dans la collecte de données et le partage d'observations, favorisant ainsi une approche de conservation participative et informée par les connaissances locales.
  • Collaboration Institutionnelle et Culturelle : Le projet travaille en étroite collaboration avec les institutions locales comme la commune de Rangiroa, la DIREN et intègre les aspects culturels et traditionnels polynésiens dans ses démarches de conservation.
  • Formation et Sensibilisation : Des formations spécifiques aux protocoles de recherche sont organisées pour les collaborateurs locaux, renforçant ainsi leurs capacités et leur participation active au projet. Que ce soit dans les écoles, les clubs de plongée, auprès des pêcheurs ou des excursionnistes, des évènements et des actions
  • Intégration aux Politiques de Conservation Locales : Le projet s'aligne avec les politiques environnementales locales, contribuant à la préservation des espaces naturels sensibles et à la gestion durable des ressources marines et notamment aux travaux du PGEM en cours de construction à Rangiroa

Ces approches collaboratives et participatives assurent que le projet produit des effets concrets sur le territoire de Rangiroa, non seulement en termes de recherche scientifique mais aussi en renforçant la conservation et la sensibilisation environnementale au sein de la communauté locale.

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