La Mokarran Protection Society (MPS) est née de la passion de trois moniteurs de plongée de Rangiroa et de la rencontre avec Marc Hayek de la Manufacture Blancpain.
C’est une association à but non lucratif loi 1901, créée en 2019 pour étudier et protéger la population de grands requins marteaux (Sphyrna mokarran) de Polynésie française. Elle vise à rassembler les ressources humaines et matérielles nécessaires à une meilleure connaissance et la préservation de cette espèce gravement menacée d’extinction.
L’association est installée à Rangiroa, dans l’archipel des Tuamotus, au centre du territoire connu du grand requin marteau en Polynésie, le tamataroa en langue paumotu. Rangiroa est l’un des rares endroits au monde où il est possible de l’observer fréquemment sans feeding (Activité qui consiste à nourrir le requin pour l’appâter et à fournir une observation rapprochée au client).
Le paradigme de la Mokarran Protection Society est la science participative qui permet à l’association de recueillir auprès d’un réseau de moniteurs, plongeurs de passage, mais aussi de la population de l’archipel, des données d’observations et des images tout au long de l’année.
Son équipe se compose de biologistes marins, de photographes, de vidéastes sous-marins et terrestres, juristes, chargés de communication, informaticiens, d’intervenants en milieu scolaire. Tous sont des plongeurs expérimentés et familiers de la passe de Tiputa qui évoluent en circuit ouvert ou fermé.
Pour mener à bien ses missions, 4 pôles de compétences agissent de concert au quotidien :
Une première campagne de trois années de recherche (de 2019 à 2022) a permis d’obtenir des résultats inédits qui montrent que les Tuamotu de l’Ouest, accueillent une large population de grands requins marteaux. Aujourd’hui l’atoll de Rangiroa peut être considéré comme le plus important site d’observation au monde pour cette espèce. Mieux encore, plusieurs indices laissent supposer que ces atolls concentrent des zones clés de son cycle de vie (accouplement, gestation, mise-bas, nurseries, et croissance). Forts de ces résultats, une nouvelle campagne scientifique de trois ans a été mise sur pied en étroite collaboration avec la Direction de l’Environnement, la commune de Rangiroa, les habitants des Tuamotu et l’expertise d’Andromède Océanologie. Elle a débuté dès le mois de décembre 2022. Cette mission porte le nom de « TAMATAROA » en l’honneur de ce requin protecteur et gardien des passes comme le décrivent les pêcheurs. Ce programme s’inscrit pleinement dans la dynamique du fenua visant à protéger son patrimoine naturel.
L’association « Mokarran », comme on l’appelle à Rangiroa, anime ainsi un réseau de partenaires qui grandit d’année en année : communes, professionnels de la mer et établissements scolaires. Depuis 2019, les missions d’observation et de recensement sont menées avec le soutien des institutions territoriales et scientifiques, et en partenariat avec des acteurs de premier plan : la Manufacture de Haute Horlogerie Blancpain au travers de son pôle Blancpain Ocean Commitment, la Banque de Tahiti, la Direction de l’environnement, l’Office Français de la Biodiversité et Air Tahiti.
Les objectifs
Nos objectifs portent sur trois axes principaux et tendent à comprendre les mouvements des grands requins marteaux dans le "système passe" en fonction des échanges lagon-océan :
1) Scientifiques
2) Participatifs
3) Écologiques
En tant qu’association environnementale, notre rôle dans la sensibilisation et l’information au grand public est primordiale.
De nombreuses présentations sont réalisées au sein de la communauté de Rangiroa et plus largement en Polynésie (scolaires, pêcheurs, club de plongées, touristes), afin de conscientiser la population sur la vulnérabilité de cette espèce et sur son rôle prépondérant dans l’équilibre de la vie sous-marine.
Bien qu'étant une espèce protégée en Polynésie française, le grand requin marteau reste vulnérable dans les eaux internationales et étrangères. Déterminer la provenance de ces individus et leurs routes migratoires est primordial afin de protéger cette espèce sur son aire totale de répartition.
La photo-identification consiste à établir, par le biais de fiches d’identification, une base de données pour chaque individu observé. Elles comportent des informations sur la taille et le sexe de l’individu, une description de tout détail susceptible de facilité l’identification (cicatrice, tache, etc.).
Exemple de fiche d’identification :
La photo-identification répond à notre objectif d’évaluation de la sédentarité des individus et s’établit sur plusieurs saisons pour obtenir des conclusions inter-annuelles. En effet, au cours des différentes saisons d’études et en ajoutant les analyses de vidéos d’archives, nous avons pû identifier 114 individus.
La photogrammétrie laser
La technique de photogrammétrie laser renseigne la taille de l’individu de manière plus précise que par simple observation, en évitant des erreurs d’approximation. Deux lasers montés en parallèle sont fixés sur une platine aux dimensions connues. Une Gopro y est fixée à équidistance des lasers et permet de capturer une image avec projection de cette distance sur l’animal, donnant ainsi une échelle pour effectuer différentes mesures de l’individu (Longueur à la Fourchette, Longueur Pré-caudale, Largeur du Céphalofoïl (Organe sensoriel situé au niveau de la tête (en forme de T chez le marteau) qui assure des fonctions sensitives (détection), de manœuvre dans l’eau et de manipulation des proies). Hauteur de la 1ère Dorsale, Longueur Totale). Cela permet ensuite de déterminer le stade de maturité sexuelle de l’individu : 225 à 270 cm pour les mâles contre 210 à 300 cm pour les femelles (Stevens and al., 1989).
L’utilisation de cette technique photogrammétrique, combinée à la photo-identification, se positionne dans la lignée des travaux réalisés à Bimini, aux Bahamas sur le S.mokarran. En accord avec leur matériel et méthode nous utilisons une platine de 30 cm d’écart.
Réseau avec les clubs de plongée
Rangiroa compte à l’heure actuelle six clubs de plongée, établis pour certains depuis 1985. Leur expérience du terrain et leurs observations toute l’année en continue sont un atout majeur dans la récolte de donnée. Au-delà de cette période de haute intensité que sont les Mokarrans Weeks, l’association récolte les observations de S.mokarran et de la raie aigle léopard (A.ocellatus). En effet, A.ocellatus est une proie de prédilection de ce prédateur et se rassemble en vol de plusieurs individus à cette saison. L’hypothèse principale avancée pour l’instant est donc une présence à but alimentaire.
Après chaque observation réalisée dans la Passe, les moniteurs nous communiquent leurs paramètres dans un groupe Messenger qui alimente notre base de donnée.